Pourquoi les filles aiment les chevaux ?
L’équitation est un sport de filles. Cette passion inconditionnelle pour les poneys et les chevaux dévore nos filles… mais pourquoi les filles aiment tellement les chevaux ? Tentative d’analyse.
L’équitation, un sport de filles
L’équitation est un sport mixte : sur le dos de leurs chevaux, hommes et femmes, filles et garçons, participent aux compétitions ensemble. Pourtant, force est de constater que ce sport est presque uniquement pratiqué par des filles. Les compétiteurs de niveau amateur et intermédiaire sont presque toutes des filles. Revenons quelques instants sur cette bizarrerie statistique. Sur 6 licences de la Fédération Française d’Équitation, 5 sont des filles. Près de 80 % des cavaliers qui fréquentent les centres équestres sont des filles. Et personne dans le milieu de l’équitation ne saurait trouver une explication satisfaisante à ce phénomène. On sait juste que le changement s’est produit dans les années 70, où l’équitation est devenu un sport-loisir féminin, et même le premier sport féminin.
La théorie énervante selon laquelle l’engouement féminin pour l’équitation viendrait d’une série sur les poneys et ce désir irrépressible des filles de brosser, prendre soin et caresser un cheval ne suffiront pas sérieusement à expliquer cette passion partagée par de nombreuses filles. Même si les équipements d’équitation deviennent parfois très girly. Les paillettes, le rose, et les gadgets envahissent les selleries, oui, mais la passion des licornes et des petits poneys est elle si influente ? Penser cela, c’est vraiment, encore une fois, prendre les filles pour des idiotes. Toujours est-il que l’équitation est un des seuls sports mixtes qui permettent aux femmes de concourir dans les même catégories que les hommes.
Les bénéfices de l’équitation
La liste des qualités développées par l’équitation, autant sur le plan physique que social ou psychologique :
- modestie, attention, observation de l’autre,
- sensibilité
- rigueur
- patience, persévérance
- confiance en soi
- meilleure conscience de soi, de son schéma corporel et de l’image de soi
- Tonicité, synchronisation
- Authenticité
Certains thérapeutes ont bien compris que les chevaux peuvent rétablir l’équilibre. L’hippothérapie permet de travailler sur le plan physique (synchronisation, motricité et tonicité), psychique et relationnel.
Ces qualités féminines qui plaisent au cheval
L’équitation est avant tout une histoire de relation. L’athlète, c’est d’abord le cheval, et la qualité de la relation est déterminante dans le travail d’équipe entre l’animal et la femme. Or, socialement ces qualités sont sur-représentées par les femmes : décryptage.
Le contact avec l’animal nécessite une grande sensibilité
La sensibilité est définie culturellement comme la spécialité des femmes. Non pas que génétiquement, les filles soient programmées pour être plus sensibles, mais plutôt, parce que les femmes ont le droit d’exprimer cette sensibilité et apprennent à développer leur intelligence émotionnelle. Ces facultés ont été longtemps interdites aux garçons. Monter sur un cheval, l’approcher, prendre soin de cette grosse bête sensible nécessite beaucoup de tact, d’intelligence et de subtilité. Tout ce qui est valorisé dans la construction sociale des femmes.
Communication et autorité : se faire respecter
Pour les jeunes filles en particulier, s’occuper d’un poney, le monter et suivre les recommandations de l’enseignante permet :
- de développer son attention sa sociabilité et sa persévérance ;
- de comprendre les interactions non-verbales et d’apprendre à les interpréter ;
- de fixer des limites et se faire respecter
- de communiquer clairement ses intentions
Le cheval est un bon maître pour la clarté : si vos demandes sont ambiguës, ses réponses seront étranges et inadaptées.
Aimer et prendre soin
Là encore, si les filles sont encouragées à jouer à la poupée dés leur plus jeune âge, c’est bien pour apprendre à aimer et prendre soin. L’écoute et l’attention sont primordiales. Comment est le cheval ? Nerveux, fatigué, fougueux ? Comment se sent le cavalier ? En colère, détendu, plein d’énergie. Prendre ces éléments en compte est essentiel pour une séance d’équitation sereine. Les poneys, parce qu’ils sont à la taille de l’enfant, permet aux jeunes cavaliers de prendre en main les soins habituels de l’animal, de façon autonome. Le grooming est un moment important de la relation où le cavalier est obligé de considérer le cheval et son corps comme un être vivant et pas seulement un moyen de transport. Aimer son cheval : cette forme d’amour est très formatrice. Le cheval ne vous demande rien d’autre que de bons soins et du respect. La relation qui se tisse entre une jeune fille, ou un jeune garçon, et son animal est constructive : les efforts mis la bonne communication entre les partenaire permettent de profiter une symbiose très agréable, le temps d’une balade.
Monter sur un cheval : un énorme sentiment de liberté et de puissance
Chevaucher sa monture, prendre de la hauteur et partir au galop. Pas besoin de longs discours pour comprendre le sentiment de liberté et de communion avec la nature que procure une escapade à cheval. Cet animal impressionnant donne une impression de force communicante.
Quid des garçons : manque d’intérêt, peur ou interdit social ?
On peut s’étonner que l’équitation soit un sport féminin et même le déplorer. Mais prenons le problème à l’envers : Pourquoi les garçons n’aiment pas les chevaux ? Autrefois majoritairement masculin, le sport équin est délaissé par les garçons d’âge moyen. Les hommes sont fortement représentés les écuries avant 6 ans et après 19 ans. Pourquoi ? Nous ne vous donnerons probablement pas une réponse satisfaisante ici. Seulement quelques pistes :
- s’occuper du cheval est perçu comme une activité maternante réservée aux filles
- les situations de leadership sont compliquées à gérer : complicité plutôt que domination, concurrence directe avec des filles, qui demandent une maturité que les filles acquièrent plus tôt
- ce sport, très exigeant, demande de la persévérance et les efforts fournis ne donnent pas de résultats directs, très frustrant pour les jeunes garçons
C’est dommage pour les garçons, mais pour les filles, cette non-mixité permet de pratiquer un sport entre copines.
« Je n’aime pas les filles qui aiment les chevaux »
Comme nous l’avons vu précédemment, les filles qui aiment les chevaux apprennent à développer des qualités humaines très utiles dans la vie sociale : ne pas avoir peur de s’affirmer, se faire respecter, ne pas se laisser impressionner… Elles savent peut-être en général mieux qui elles sont, elles ont appris à aimer la liberté et l’autonomie. Autant de qualités qui dérangent. En effet, encore beaucoup de gens continuent de penser dans des codes un peu poussiéreux : les filles doivent être gentilles et ne pas trop se mettre en avant. Il n’est donc pas rare de voir des commentaires insultant sur les cavalières ou les anciennes cavalières, sur les forums ou dans la vraie vie. J’espère que cet article vous aura aidé à comprendre que tout cela n’est que jalousie inutile. Et j’encourage tous les parents à offrir l’opportunité à leur fille de découvrir les chevaux, même si, malgré tout, l’équitation reste parfois un peu chère, certains clubs hippiques sont abordables.
Merci de m’avoir éclairé sur ce sujet sinueux qu’est la place de la femme dans l’équitation. En espérant pouvoir lire vos prochains articles concernant la place de la femme dans la kouisine.