SEO Lesbienne : le cyberactivisme contre le référencement naturel ?
Les lesbiennes, vous connaissez ? Une femme avec une femme, etc… normal quoi, la vie. Les lesbiennes selon Google, c’est du sexe, du sexe et encore du sexe : du spectacle pour hommes. De la pornographie. Avant l’été 2019, il vous aurait suffit de faire le test : tapez « lesbienne » dans les moteurs de recherches et observez les résultats. Vous seriez tombé sur des sites pornographiques qui montrent des lesbiennes en action sur des sites pour homme. La machine à fantasme est bien juteuse.
Et le SEO, c’est quoi ? C’est une technique de corsaires, qui permet de booster le positionnement des sites et des blogs dans les résultats de vos recherches. Pour que les internautes visitent votre site, il faut être en première place, et pour cela, il faut des textes, des liens et des images qui correspondent à la requête des internautes.
Mais que cherchent les internautes quand ils tapent le mot « lesbienne »sur leur clavier ? Certaines cyberactivistes ont considéré que les lecteurs pouvaient aussi simplement vouloir prendre des informations sur l’homosexualité féminine, elles se sont retroussé les manches et ont agité le monde du web pour rétablir l’équilibre.
SEO Lesbienne : le cyberféminisme en action
SEO Lesbienne, c’est un projet : sortir ce mot du porno et le mettre en avant sur le web. Comme on l’a fait pour chatte… à croire que le web ne servait qu’à assouvir des fantasmes. L’initiative a été lancée par Fanchon début 2019. Pour résumer, l’idée était la suivante : « Le mot lesbienne mérite d’être défini par les personnes qui le sont et non celles qui l’utilisent à des fins commerciales. » Pour en savoir plus, lisez l’interview de Fanchon.
Optimiser l’homosexualité féminine, c’est toujours bon à prendre
Fanchon Mayaudon-Courtel, militante féministe lesbienne, n’est pas une experte du SEO (optimisation pour les moteurs de recherche). Elle a pourtant lancé ce challenge SEO, pour créer un mouvement. Elle a ensuite contacté Lesbians Who Tech. L’idée était que les professionnelles du SEO (qui évoluent dans un milieu plutôt masculin) s’emparent du défi.
La question a été réglée plutôt rapidement puisque Google lui-même s’en est emparé quelques mois plus tard, grâce au soutien des associations et de quelques médias. Désormais les internautes qui tapent « lesbienne » sur Google trouveront des liens vers des médias féminins spécialisés, des définitions et même des associations. Une victoire pour #SEOlesbienne.
La double de pénétration du monde des hommes
Le challenge SEO s’attaque à deux mondes : la pornographie et le SEO. Les deux sont le domaine des hommes. Il y a encore quelques années, la sphère du web était majoritairement composée d’hommes, qui s’adressent aux hommes et leur parlent de ce qu’ils aiment.
Les algorithmes des moteurs de recherche, créés par des ingénieurs ont des biais comportementaux sexistes et lesbophobes. Sur le web comme ailleurs, les images reliées aux femmes sont sexualisées.
Si la bataille a été gagnée pour le mot « lesbienne », restent encore de nombreuses requêtes à rafraichir. Un moyen de faire évoluer les moteurs est d’intégrer davantage de femmes dans les équipes techniques : des développeuses, des codeuses, des ingénieuses, etc.
Et ça vous fais jouir ?
L’intelligence artificielle développée par Google saurait difficilement porter dignement son nom sans une démarche inclusive. À l’heure où le numérique a envahi notre quotidien, il est primordial d’y prendre place pour que chacun et chacune soit représenté dans la dignité.
Cela fait penser à l’IA que GG a envoyé sur tweeter, et en moins de 24h le bot s’est transformé en négationniste qui voulait exterminer dans des camps les mexicains (véridique). Il y aurait moyen de faire de l’activisme en ce sens, encore faut-il croiser le contenu qui attire pour le détourner pour la bonne cause (et donc aller sur le terrain des mots clefs offensants).
Le féminisme est une bonne cause, n’est-ce pas ?